7.
Un jeu

 

La blessure du frère Thomas continue de s’infecter. Il frôle le délire et j’ai bien peur qu’il ne perde sa jambe. Cher Colin, je dois poser cette lettre, le père Benedict m’a fait signe. Je poursuivrai plus tard.

Les voies du Seigneur sont impénétrables. Le père Benedict est venu me trouver, la mine grave, pour m’exprimer ses craintes concernant le frère Thomas. Il m’a ordonné d’aller quérir l’aide d’une bonne femme du village. Je lui ai demandé si ce n’était pas comme demander l’aide du démon, à quoi il m’a répondu qu’il revenait à Dieu seul de juger ce qui était bien et ce qui était mal. Pas à l’homme.

Au village, alors qu’aucune des anciennes n’a accepté de me parler, Nuala Riordan m’a suivie. Elle est toujours au chevet du frère Thomas. Je tremble de peur pour nos âmes : elle psalmodie des incantations démoniaques au-dessus de sa tête, lui prépare des potions puantes, applique des cataplasmes d’algues sur sa blessure. Si tu veux mon avis, mieux vaudrait pour lui qu’il meure plutôt qu’il guérisse par la main du démon.

 

Frère Sinestus Tor, à Colin, juin 1768

 

 

* * *

 

 

Je me suis garée dans l’allée sombre menant à la maison et le moteur de Das Boot s’est arrêté dans un sursaut. Quelle nuit ! Quelle expérience extraordinaire ! À présent, je devais me préparer à appeler Eoife pour lui annoncer que j’avais demandé à Killian de faire venir Ciaran.

J’étais presque à la porte d’entrée, clés en main, lorsque l’effet de l’alcool m’est retombé dessus sans prévenir. Hébétée, j’ai trébuché et me suis rattrapée de justesse. Par la Déesse ! Le sort de Killian s’était dissipé ! Que se serait-il passé si c’était arrivé alors que je conduisais ?

À l’intérieur, j’ai laissé tomber mes affaires et j’ai monté l’escalier à quatre pattes. Je n’avais jamais autant bu de ma vie. Lorsque la nausée m’a prise, j’ai commencé à regretter d’avoir descendu autant de whisky sour.

Je me suis couchée dix minutes plus tard, avec un tournis tel que j’avais envie de pleurer. La pièce tanguait d’un côté, puis de l’autre, comme si j’étais sur un bateau, et l’envie de vomir ne passait pas. Dire que je devais me lever dans moins de six heures pour aller au lycée !

Une minute plus tard, je me suis rendu compte que le martèlement qui résonnait dans ma tête n’était pas le fruit de mon imagination avinée, mais que quelqu’un tambourinait à la porte d’entrée. Qui cela pouvait-il être ? J’ai essayé de me concentrer pour le découvrir, en vain. Et j’ai paniqué : dans mon état, je serais incapable de me défendre si c’était un cambrioleur. La porte d’entrée a grincé en s’ouvrant – avais-je oublié de la verrouiller ? – et des pas ont résonné dans l’escalier.

— Morgan ! a hurlé Hunter en déboulant dans ma chambre.

Je l’ai regardé bêtement tandis qu’il se précipitait vers moi.

— Où étais-tu, bon sang ? Je t’ai envoyé un message télépathique, j’ai appelé chez toi. Tu crois que c’est un jeu ? Tu penses que…

— J’ai essayé de te joindre tout à l’heure ! ai-je rétorqué d’une voix pâteuse. Ça sonnait occupé !

Mon coup de sang m’a retourné l’estomac pour de bon. J’ai dévisagé Hunter un instant, horrifiée, puis j’ai bondi de mon lit pour me précipiter vers la salle de bains. J’ai eu à peine le temps de me pencher au-dessus des toilettes avant de rendre tout ce que j’avais bu et mangé ce soir-là.

Il n’y a rien de pire que de vomir à cause d’une cuite. À part peut-être vomir à cause d’une cuite devant quelqu’un qu’on aime à la folie et qu’on vient de quitter. Je ne l’avais pas entendu me suivre. Lorsque ses mains puissantes et douces ont soulevé mes cheveux avec précaution, j’ai dû me retenir de pleurer. Il a maintenu mes longues mèches loin de mon visage pendant que je vomissais encore et encore et, lorsque je me suis effondrée à côté de la cuvette, il s’est éloigné un instant le temps de mouiller un gant de toilette. Il me l’a passé sur le visage tandis que je restais assise, mortifiée, des larmes plein les yeux.

— Oh ! bon sang, ai-je marmonné dans ma misère.

— Tu peux te lever ?

Sa colère avait disparu. J’ai hoché la tête et il m’a aidée à marcher jusqu’au lavabo, où je me suis lavé les dents trois fois d’une main tremblante. Je me sentais lessivée. Il a rincé le gant à l’eau froide et l’a pressé doucement sur mon visage et sur ma nuque. Cela m’a fait un bien fou.

Abattue, rouge de honte, j’ai regagné ma chambre d’un pas traînant et je me suis effondrée sur mon lit. Là, je me suis rendu compte que je ne portais qu’un sweat élimé de mon père et la culotte Wonder Woman que Bree m’avait offerte pour rire des mois plus tôt. En farfouillant dans mes tiroirs, Hunter a fini par trouver un maillot de rugby délavé. La mine sérieuse, il a enlevé mon sweat taché, a passé le maillot autour de ma tête et m’a aidée à trouver les manches.

Puis il a quitté ma chambre et je me suis glissée tant bien que mal entre mes draps frais, sachant que mon humiliation était à présent totale. Hunter et moi, nous avions souvent échangé des caresses, nous avions chacun glissé les mains sous les vêtements de l’autre, mais il ne m’avait jamais vue aussi dénudée qu’aujourd’hui.

Hunter est revenu, une canette de Canada Dry froide à la main. Il en a rempli un verre et m’a aidée à m’asseoir pour que j’en boive un peu.

— Merci, ai-je répondu d’une voix éraillée.

— Tu as un peu trop bu, on dirait, a-t-il déclaré en me prenant le verre pour le poser sur ma table de nuit.

J’ai poussé un gémissement pathétique avant d’enfouir le visage dans mon oreiller. Même si j’étais toujours très faible, je me sentais bien mieux depuis que mon estomac s’était débarrassé d’une partie du poison qui embrumait mon esprit. La tête ne me tournait plus, et je n’avais plus envie de vomir.

— L’alcool émousse nos sens, m’a-t-il expliqué en me caressant les cheveux, l’épaule, le bras.

J’ai remonté la couette jusqu’à ma taille.

— À cause de lui, nos sorts risquent de mal tourner si nous ne compensons pas ses effets. Voilà pourquoi la plupart des sorciers boivent tout au plus un peu de vin de cérémonie…

J’ai commencé à pleurnicher, ce qui l’a fait taire. Il n’avait pas besoin de me faire la leçon – j’avais déjà décidé de ne plus jamais boire une goutte d’alcool de ma vie.

— J’étais avec Killian, tout à l’heure, ai-je articulé péniblement. Il m’a juste expliqué que Ciaran avait hérité du coven de sa femme. J’ai quand même réussi à lui demander de faire venir Ciaran ici.

Là, j’ai éclaté en sanglots en me cramponnant à mon oreiller, comme si j’ouvrais les vannes après des jours de tension, de peur et d’anxiété accumulées. Hunter s’est assis près de moi, sa main sur ma nuque, caressant de nouveau mes cheveux. Sans un mot de plus, il a attendu que je me calme.

Une fois le gros de ma crise de larmes passé, j’ai levé la tête vers lui et je l’ai trouvé plus attirant, charmant, sexy et magyque que jamais. Comme il avait été prévenant, attentionné et merveilleux ce soir ! Et pourtant, j’avais été horriblement malade devant lui, je l’avais laissé me voir dans ma culotte ridicule et rien d’autre, et je savais à quel point j’étais hideuse quand je pleurais. C’était trop pour moi. J’ai dû fermer les yeux, en proie à une crise d’angoisse émotionnelle.

— Raconte-moi ce qui s’est passé ce soir, m’a encouragée Hunter d’une voix douce.

Je lui ai répété ce que Killian m’avait appris. Ce qui ne faisait pas grand-chose. J’avais échoué. Je lui ai raconté que nous avions passé la soirée à boire dans un bar. J’ai avoué que Killian avait eu recours à la magye tempestaire, sans préciser que je l’avais imité.

— Juste avant qu’il s’en aille, je lui ai demandé de faire venir Ciaran. Il m’a dit qu’il y réfléchirait.

— Tu t’en es très bien sortie.

Il a fait mine d’ajouter quelque chose avant de se raviser. Il s’est contenté de me caresser les cheveux et le dos. Je me suis rendu compte que j’étais totalement épuisée, vidée et engourdie.

— Endors-toi, a-t-il murmuré.

— Mmm…

Mes yeux se sont fermés tout seuls.

— Au fait, m’a-t-il lancé depuis le seuil de ma chambre, jolie culotte !

Et il a disparu. J’avais beau me sentir horriblement mal, je souriais parce que, pendant quelques minutes, j’avais revu son visage.

 

* * *

 

Tel un épagneul fidèle, le lendemain après les cours, Killian m’attendait de nouveau sur son banc de pierre attitré. Son sourire m’a mis du baume au cœur. Je l’appréciais vraiment beaucoup. Il était franchement irresponsable et exerçait une mauvaise influence sur son entourage, mais sa gentillesse et sa joie de vivre étaient communicatives. Me souvenant des conseils d’Eoife, je me suis retenue de l’interroger aussitôt à propos de Ciaran.

Il s’est frotté les mains en me voyant arriver avec Robbie et Bree.

— Alors, qu’est-ce qu’on fait ce soir ? s’est-il enquis.

— Tout ce que tu veux tant que ça n’implique pas de boire de l’alcool, ai-je répliqué.

J’avais prévu de passer la soirée sur mes devoirs, mais sauver Starlocket était plus important que de mémoriser une liste de présidents. Et puis j’aurais tout le temps d’étudier après Imbolc.

Killian a ri à gorge déployée.

— Toute une éducation à refaire ! m’a-t-il raillée.

Malgré notre gueule de bois collective, nous avons tous cédé à la promesse d’une nouvelle soirée inoubliable en sa compagnie. Une demi-heure plus tard, nous avions investi le salon de Bree.

Nous nous moquions tous de l’abominable CD de pop française que Bree avait mis lorsque la sonnerie a retenti. Bree s’est éclipsée un instant avant de revenir accompagnée de Sky, Alisa et Simon, qui étaient eux aussi membres de Kithic. Jenna et Simon sortaient ensemble depuis peu. Sky a dévisagé Raven qui, penchée vers Killian, lui proposait de mordre dans son mini-donut couvert de sucre glace.

Killian a salué les nouveaux venus d’un sourire accueillant en léchant le sucre collé à ses lèvres. Bree, en parfaite hôtesse, l’a présenté aux autres. Simon a souri poliment.

— Oui, je me souviens de Sky, a déclaré Killian d’une voix de velours.

Elle l’a toisé avec tant de mépris que ses yeux plissés ressemblaient à deux éclats d’obsidienne.

Simon s’est assis près de Jenna et lui a posé la main sur le genou lorsqu’elle lui a adressé un sourire radieux. À l’autre bout de la pièce, Matt faisait grise mine. Alisa, visiblement mal à l’aise, s’est perchée sur l’accoudoir du canapé. Je me suis demandé ce qu’elle faisait là, puisque ce n’était pas un cercle officiel et qu’elle semblait être venue à contrecœur.

— Alors, qui veut à boire ? a demandé Bree avec une bonne humeur un peu forcée. J’ai de l’eau gazeuse, du jus de fruits, des sodas, sinon je peux préparer du café ou du thé.

— Et une larme de whisky ? a suggéré Killian.

Il fallait connaître Bree aussi bien que moi pour savoir à quel point cette demande si franche la déconcertait.

— Désolée. Le bar est fermé à clé.

— Verrouillé ou pas, s’est esclaffé Killian, ce n’est pas un problème pour un sorcier.

— Pas touche, a insisté Bree, qui ne se laissait pas influencer si facilement.

Ethan était visiblement soulagé. Sharon a glissé sa main sous les boucles qui tombaient sur la nuque de ce dernier. Il lui a adressé un petit sourire et elle l’a embrassé. De nouveau, j’ai éprouvé une bouffée de sympathie pour leur couple improbable.

Nous avons discuté en écoutant de la musique. Nous avons ri aux anecdotes de Killian, à qui nous avons raconté quelques-unes de nos propres histoires. Au coucher du soleil, Bree a allumé de l’encens et des bougies. Dans le clair-obscur, le salon est devenu exotique, magyque. À l’heure du dîner, nous avons commandé des pizzas, et ceux qui devaient avertir leurs parents les ont appelés. De mon côté, j’ai prévenu Eileen.

Il était vingt heures lorsque je me suis souvenue que je devais étudier ce soir-là. Le matin, M. Alban, le professeur de littérature, nous avait rappelé que nous avions une dissertation à lui rendre bientôt. Mes notes avaient un peu baissé au cours du dernier semestre – il fallait que je redresse la barre. J’ai jeté un coup d’œil à Killian, qui semblait prendre un malin plaisir à monter Sky et Raven l’une contre l’autre.

Avant de partir, je me suis glissée jusqu’à lui pour lui poser la main sur l’épaule. Il s’est penché vers moi, son éternel sourire aux lèvres. Avec l’impression d’être une vile manipulatrice, je lui ai murmuré sans détour à l’oreille :

— Je me demandais si tu avais contacté ton père.

Son regard sombre a croisé le mien et j’ai remarqué pour la première fois que ses yeux étaient un peu en amande, comme les miens.

— Pas encore, a-t-il soufflé pour que je sois la seule à l’entendre. Je ne suis pas aussi pressé de le voir que toi.

Je ne savais pas comment interpréter sa réponse. Je m’interrogeais encore sur ma prochaine manœuvre lorsqu’il s’est levé pour prendre une autre canette. Bon sang !

Même si le temps m’était compté, je savais que pousser Killian serait une mauvaise idée. Je me suis donc levée à contrecœur.

— Faut que j’y aille, ai-je annoncé en me retenant une fois encore d’insister pour ne pas éveiller ses soupçons.

— Tu rigoles, sœurette ? La nuit ne fait que commencer, et la fête aussi !

Il a éclaté de rire, ce qui m’a un peu agacée.

— Il faut que j’aille réviser, ai-je expliqué en ayant l’impression d’être la rabat-joie de service.

Au moins, je n’aurais pas de mauvaises surprises. Aucune chance que je finisse dans un pub aux confins de la ville en passant la soirée en tête à tête avec mon livre d’histoire.

— Reste, ma puce, m’a-t-il amadouée d’une voix suave qui m’évoquait des rubans enroulés autour de mes poignets.

Bon, les devoirs pouvaient peut-être attendre.

— Reste, et je vais te monter une magye très spéciale.

Ah ! voilà qui devenait intéressant. Je me suis rassise.

Visiblement ravi de m’avoir convaincue, il a fait signe aux autres.

— Mettez-vous en cercle.

Ensuite, il s’est frotté les mains comme un prestidigitateur au début de son spectacle. À côté de lui, Sky semblait avoir avalé une couleuvre. Killian a placé ses mains en coupe et a soufflé dessus – pour frimer, ai-je pensé à part moi –, puis a jeté une petite boule de feu bleu crépitante vers Sky. Stupéfaite, elle l’a attrapée dans le creux de ses mains, où elle s’est transformée en boule rose lumineuse.

— Passe à ton voisin ! l’a pressée Killian.

Elle a haussé vaguement les épaules avant de la transmettre à Robbie, installé près d’elle. Ce dernier paraissait fasciné, presque effrayé, en la tenant entre ses doigts. Lorsque Killian lui a fait signe, il l’a donnée à Bree. Et ainsi de suite. Lorsqu’elle est arrivée jusqu’à moi, j’ai eu l’impression de tenir un pompon électrifié. Killian l’a récupérée et l’a fait rebondir sur sa main en nous regardant tour à tour.

— À présent, agrandis-la, a-t-il ordonné en la redonnant à Sky.

Elle l’a tenue un instant, les yeux fermés. La boule est devenue un peu plus grosse, un peu plus brillante, puis Sky l’a jetée à Robbie. Il s’est concentré à son tour, avec des résultats moins visibles. Pourtant, à chaque tour complet, les effets cumulatifs étaient indéniables. Et la boule devenait de plus en plus réceptive aux influx d’énergie – au bout du cinquième tour, lorsque Alisa l’a passée à son voisin, la boule est devenue d’un coup plus grande et plus lumineuse. Alisa a gloussé nerveusement.

C’était un passe-temps un peu puéril, une sorte de jeu de la patate chaude, mais c’était aussi très beau et excitant. J’avais l’impression d’être emplie de lumière, d’énergie, de magye – il n’y avait pas plus grisant, plus gratifiant.

Lorsque la boule a de nouveau atterri entre les mains de Killian, il l’a lancée droit sur moi.

— Improvise ! m’a-t-il ordonné.

Sans réfléchir, j’ai ouvert mon cœur et mon esprit. J’ai lancé la sphère lumineuse vers le haut en lui donnant la forme d’une longue flammèche bleue. Lorsqu’elle a heurté le plafond, elle s’est pulvérisée comme du cristal et les éclats sont retombés sur nous en une pluie d’étincelles multicolores.

— Oh ! mon Dieu… a murmuré Jenna, les yeux illuminés.

Fleurs, ai-je pensé et, l’instant d’après, les étincelles se sont métamorphosées en fleurs bien réelles dont les doux pétales nous ont caressé le visage. Tulipes, marguerites, coquelicots, anémones, tous parés de leurs couleurs estivales, atterrissant aussi légèrement que des papillons autour de nous. Devant cette beauté que j’avais créée, j’ai souri béatement. Sorcière, sorcière ! ai-je songé. J’en revendiquais le titre.

Puis j’ai levé les yeux. Mes amis me contemplaient avec un mélange d’incrédulité, d’éblouissement et de terreur – que je percevais une fois de plus surtout chez Alisa. Même Robbie affichait une joie émerveillée. Killian me souriait d’un air complice, et je me suis sentie plus liée à lui que jamais. Sky m’observait, la mine grave. J’ai compris – trop tard, comme toujours – que je venais de braver un autre interdit de la Wicca. Ce qui m’a arraché un grognement mental. Il y avait tant de règles, tant de choses qui me semblaient naturelles et qui étaient pourtant régulées, voire proscrites.

Puis je me suis rappelé que je devais me lever très tôt le lendemain pour retrouver Eoife avant les cours. Même si Hunter lui avait transmis mon dernier rapport, j’étais censée la voir en personne.

Je me suis donc levée en soupirant.

L'appel
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